Cette section regroupe des articles relatifs aux cloches en particulier.

 

Archives de la fonderie Causard-Slégers de Tellin (Province du Luxembourg)

La fonderie de Tellin (photo) fut active de 1832 à 1970. Quatre générations de fondeurs de cloches, les Causard, puis les Slégers, y ont produit près de 13.000 cloches, pour un poids total de 3.000 tonnes.

Ces cloches furent destinées principalement à la Belgique, mais aussi aux Pays-Bas, à l’Allemagne, au Congo, au Canada et à la grande exportation. Beaucoup de ces cloches sonnent toujours.

Les archives de cette fonderie ont été confiées aux Archives de l'État à Saint-Hubert. La liste des cloches et des dossiers d’archives est consultable via ce lien.
Cet inventaire consultable et téléchargeable suivant le lien ci-dessus comporte 142 pages. Il peut être également commandé aux Archives de l’Etat à Saint-Hubert, place de l’Abbaye 12, 6870 Saint-Hubert, pour le prix de 8,00€ (plus frais de port) avec la mention «commande 5762».

Pour connaître en détails les activités de cette fonderie, nous vous suggérons le livre "Il était une fonderie de cloches à Tellin", que l'ACW vend au prix de 20 euros (frais de port non compris) : voir rubrique Publications.


La fonderie Causard-Slégers de TellinLa fonderie Causard-Slégers de Tellin

 

Les cloches de la Basilique de Saint Hubert

D'après l'article de M. Meesters paru dans le Bulletin Campanaire n°25 (2001/1)

Quelques généralités...

Basilique de Saint Hubert (ancienne abbatiale)Pour être sauvée de la démolition sous le régime français, l'église abbatiale de Saint Hubert fut rachetée par un groupe de quelques notables. En 1800, elle fut rétablie en tant qu'église paroissiale, mais le clocher resta muet de longues années encore.

L'église des Moines Bénédictins est appelée par les gens de l'entité de Saint Hubert " la grande église ", par opposition à l'église Saint Gilles, unique église paroissiale jusqu'en 1800, appelée par la suite " la petite église ". Cette dernière put récupérer sa cloche ancienne, enterrée durant la Révolution Française, encore en usage de nos jours.

 

Promenade virtuelle dans les combles...

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Combles au-dessus des voûtes en brique Roue à chiens permettant de monter les matériaux Clocher nord vu de l'arrière, depuis la corniche Charpente des clochers

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Quelques éléments de l'ancienne horloge, dans la tour nord

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Les cloches...

Lorsqu'il fut question de doter d'une sonnerie de cloches la grande église, il est vraisemblable que les fondeurs choisirent comme tonalité pour la grosse cloche un do dièse à l'octave inférieure, tonalité la plus proche possible de la cloche de la " petite église " d'après le diapason français de 435 Hz. La " petite cloche ", elle, devait donner un mi. Celui-ci est à peine différent d'accord avec le la de 440 Hz, ce qui donnait, entre les deux cloches, un accord d'une tierce mineure " confortable ". Lorsque, dans notre enfance encore, on sonnait la petite et la grosse cloche soit pour les saluts du mois de mai, soit au " mois du Rosaire ", leur accord était si harmonieux qu'on aurait pu trouver cela comme tout naturel. On dut bien déchanter dès le dimanche 12 juillet 1953 avec la nouvelle grosse cloche (cf. infra)

Disposition des cloches : le bourdon à droite ; la moyenne à gauche ; la petite au dessusLes deux cloches furent placées dans la tour sud (à droite sur la photo), comme elles le sont encore actuellement. La grosse cloche est placée transversalement près de la baie d'ouverture de la façade principale (ouest) et la petite longitudinalement, près des abat-sons de la façade latérale (sud).

Dix-sept ans plus tard, vu le succès de la nouvelle sonnerie et du carillon Séverin Van Aerschodt (Leuven) de la Cathédrale de Namur ainsi que du bourdon " Rumoldus " de la Cathédrale Saint Rombaut de Malines, le Conseil de Fabrique de Saint Hubert opta pour ce fondeur pour une nouvelle cloche moyenne.

Après démoulage et polissage mais sans accordage, cette nouvelle cloche donnait comme son fondamental (prime) un ré1, comme par hasard la tonalité de base des partitions pour cors de chasse. La note du coup, à l'octave supérieure donne un ré dièse, abaissé d'environ 37 cents.

L'accord entre la petite et la moyenne cloche était donc d'un demi-ton diatonique généreusement mesuré ; celui entre la moyenne et la grosse cloche, diminué d'un ton à peine (± 18 cents), ce qui vaut mieux qu'augmenter. La sonnerie complète, même entendue de loin, donnait quelque chose du genre : mi2, ré#2, do#2 mais avec les harmoniques de résonance mi1, ré1 majeur, do#1 mineur. C'était un accord ambigu pas déplaisant pour nos oreilles enfantines.

Le rythme de la sonnerie était presque lent : la grosse cloche battant à 30 coups par minute, les deux autres à l'avenant, soit à peu près le rythme du plain-chant. Lorsqu'on électrifia la sonnerie en juin 1946, après le retour des deux grandes cloches [NDLR : après la réquisition allemande de la guerre], il n'en était plus de même. En effet la grosse cloche battait à ± 35 coups par minute, la moyenne à 42 et la petite à 36 coups par minute. Celle-ci, lorsqu'elle était actionnée par la sonnerie de l'angélus, sonnait cependant à coups plus espacés, plus puissants, atteignant presque l'horizontale. La grosse cloche, avec le voltage de 110 volts de l'époque, battait souvent de l'aile. En outre, elle nous était revenue endommagée, ébréchée dans le bas et cassée à la couronne. Elle sonnait enrouée et légèrement moins grave, sonnant encore avec la petite cloche un accord d'une tierce mineure tout juste suffisant, même pour une oreille peu exercée.

PETITE CLOCHE

Inscription : "Sainte Marie Mère de Dieu P.P.N. 1849" Détail de la (très simple) décoration

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La petite cloche , d'un diamètre de 1,12 m et d'un poids de 750 kg, de tonalité mi1, fut fondue à Tellin en 1849. Son joug, surmonté d'une pierre, existait depuis l'électrification de la sonnerie, dont le premier essai pour les offices eut lieu le mercredi 26 juin 1946. Depuis le début de l'année 1992, il a été remplacé par un joug arqué. Remarquez la courbe plus abrupte entre la frappe et les flancs.

LA MOYENNE

Côté sud : "Saint Hubert patron des Ardennes P.P.N." On aperçoit le n° d'immatriculation allemand A IX 147 1370 K Côté nord : noms du doyen, du bourgmestre, du fondeur

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Détail de l'inscription côté nord Détail de la guirlande

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La moyenne  a un diamètre de 1,33 m, un poids de 1370 kg et une tonalité ré#1 – 37,5 cents. Elle fut fondue à Louvain en 1866 par Séverin Van Aerschodt. Elle est consacrée à Saint-Hubert, comme en témoigne l'inscription " Saint Hubert, patron des Ardennes. P.P.N. ". D'autres inscriptions nous indiquent les noms du doyen et du bourgmestre, entre autres, et la mention du fondeur.

LE BOURDON

Le bourdon et son imposant joug Inscription côté nord : "Deo snt aCCeptae preCes Meae In aLtIs Cantatae"

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La grosse cloche  a un diamètre de 1,39 m, un poids de 1650 kg et une tonalité do# + 25 cents. Elle fut fondue à Tellin en 1953 par Georges Slégers, le petit-fils des Causard, en remplacement de l'ancienne grosse cloche endommagée lors de son enlèvement et sa manutention sur l'île Monsin (Liège) durant l'été 1944, et fêlée définitivement lors de la sonnerie de la messe matinale du 10 juillet 1952. Elle sonna les heures quelques temps encore avant d'être descendue et acheminée à Tellin en vue de sa refonte.

 

Des trois cloches...

L'accord entre les trois cloches était quand même resté satisfaisant, mais la deuxième cloche, sonnée moins vigoureusement à une cadence plus rapide qu'avant juin 1944, se faisait moins entendre par rapport aux deux autres, subissant ce que l'on nomme en acoustique un " effet de masque " vu la disposition des cloches dans la tour. Le son du bourdon est avantagé, du côté de la façade ouest, place de l'Abbaye, mais est à peine assourdi aux côtés sud et est de la tour donnant sur le début de la rue du Parc. La petite cloche, lorsqu'elle avait encore toute sa résonance, se faisait entendre de façon non négligeable, de même que la cloche moyenne. Cette dernière, depuis le remaniement du mécanisme de sonnerie en octobre 1986 et avec l'usure au point de frappe, subit, au coup, une perte d'aiguës entendue sur les côtés Sud et Est de la tour où elle était naguère plus avantagée… La grosse cloche, elle, dès avant 1944, mise à contribution pour sonner notamment le " premier coup " des offices ou des saluts du soir, était déjà bien usée, employée qu'elle était " à tout bout de champ ".

Aux messes matinales de semaine, on la sonnait à six heures, puis pour le premier coup à 6 heures 30 de la messe dite à l'église Saint Gilles à 6 heures 45. Le Doyen Schméler, jusqu'en 1949, aimait particulièrement la sonorité du bourdon. Lors de la réquisition des cloches en juin 1944, il aurait souhaité qu'il nous reste et que l'on prenne plutôt, tant qu'à faire, la petite et la moyenne cloche, mais il n'en fut pas ainsi. En 1945, la deuxième cloche nous revint pratiquement intacte, bien que son battant, frappant un peu plus haut que le point de frappe optimal, lui donnait, entendu surtout côté façade, un son précédé d'un " toc mort ". Mais il paraît que c'était voulu par les fondeurs de Louvain car, au bon point de frappe, quand elle sonne le glas ou, avant 1944, les demi-heures, elle a un accent. La cloche en ré#1 de la Collégiale Saint Pierre de Louvain, du même profil bien qu'un peu plus lourd, avait aussi cet accent dû au " chatoiement " de divers sons harmoniques au-delà de l'octave supérieure (octave de la tierce, de la quinte et de la sixième mineure), sans compter les quelques facettes et autres sons intermédiaires dus à une certaine différence d'épaisseur d'un côté à l'autre (par exemple, la deuxième cloche de Saint Hubert présente côté sud l'octave de la tierce majeure naturelle et côté nord, où il y a les inscriptions, la " dixième " mineure, ce qui donne, de ce côté-là, l'impression que, de la frappe aux faussures, tout est dans la même ligne harmonique).

L'ancien bourdon était, toutes proportions gardées, du même profil, avec les mêmes anneaux concentriques que la petite cloche, plus en mineur peut-être, au niveau de la frappe, du même rapport harmonique quant aux sons prélevés en frappant sur les flancs. En effet le relevé de la petite cloche donne : au coup mi1 et mi2 à l'octave supérieure et aux harmoniques de résonance fa#1 et sol#1, tous deux baissés de 50 cents environ. Sur les flancs la petite donne do2 (sixième mineure) et la2 (octave de la quarte) alors que la grosse donne au coup do#1 et do#2 à l'octave supérieure, aux harmoniques de résonance mi1# et ré1# (tierce et seconde mineures bien mesurées) et sur les flancs la1 (sixième mineure bien mesurée) et fa#2 (octave de la quarte). Il y avait aussi certaines nuances lorsqu'elle était frappée extérieurement, comme pour la sonnerie des heures ou du glas par exemple. Il y avait également, outre l'octave de la quinte, celle de la quarte avec laquelle elle " chatoyait ".


Heurs, malheurs et renaissance d'une cloche

Avec le voltage insuffisant du réseau électrique, la grosse cloche battait de l'aile et on dut quelques fois en renouveler le moteur. Quand le réseau fut mis sur 220 volts en 1951, elle put enfin battre son plein, au rythme de 34 coups par minute. Hélas, étant déjà usée, il ne fallut guère plus d'un an pour que sa sonorité commençât à changer. L'entendant sonner les heures, dès la seconde quinzaine de juin 1952, elle sonnait plus court, presque aussi grave que la nouvelle cloche moyenne, en do, de la Basilique Saint Martin à Liège. Le dimanche 6 juillet, en entendant sonner le premier coup du salut, je m'aperçus du net changement : au-lieu du do# et de ses harmoniques, c'était : do+2, la1, mi1 légèrement " bémolisé ", ré1. Le son changeait comme après un accordage trop poussé au niveau de la frappe. C'était en fait l'avance progressive d'une fêlure. Les matins suivants, j'entendais son chant, plus court mais ne manquant pas de style. Enfin, le jeudi 10 juillet, pour 6 heures du matin, elle sonna encore quelques coups intelligibles avant que sa voix ne se casse définitivement. On la sonna encore le dimanche suivant avec les deux autres, comme pour prouver aux paroissiens la nécessité de son remplacement...

Lors des sonneries des trois cloches, les deux dimanches précédents, déjà la moyenne cloche se faisait mieux entendre, la voix du bourdon affaiblie ne la masquant plus. Jusque y compris en septembre 1952, elle sonnait encore les heures, puis elle fut redescendue pour être acheminée à Tellin, son lieu de refonte. Durant les mois qui suivirent, on se réjouissait à l'avance de ce que donnerait la nouvelle cloche. Lorsqu'elle se trouva enfin exposée dans le chœur le samedi 4 juillet 1953, veille de sa bénédiction, on en prit discrètement le ton alors que la deuxième cloche sonnait la demi-heure. Grande fut la surprise car, avec la moyenne cloche, le nouveau bourdon ne faisait qu'un accord d'un bon demi-ton, au lieu d'un ton comme il aurait pu être prévu ! Il fut bénit dans l'après 4 heures du dimanche 5 juillet, en présence de l'évêque de Namur, Monseigneur Charue, et de divers notables.

Le dimanche 12 juillet, pour la messe matinale, elle sonna à la suite de la cloche en mi. C'est à ce moment que l'on put s'apercevoir de l'accord disgracieux d'une tierce mineure nettement diminuée. La nouvelle cloche baptisée Marie-Hubertine (un nom moins familier, mais le son aussi par rapport à celui de l'ancienne, Marie-Louise) sonnait vigoureusement, mais son battant rebondissait et breloquait sur chaque demi-circonférence. On aurait dit une lame de scie sur du bois trop dur. Des enregistrements pris durant les années 1960 existent toujours. Ce n'est que depuis la seconde partie des années 1970 que progressivement, l'ancien battant, remplacé depuis peu, a fait son creux. La cloche, elle, a bonifié à l'usage.

Quant à la petite cloche, en mi, elle perdit son battant lors d'une longue sonnerie de procession en août 1947. Replacé un peu plus haut, il faisait mal préjuger du son de la cloche. Celle-ci, depuis l'été 1976, perdait de sa voix, une légère fêlure s'étant produite dans le flanc (fêlée à la quinte, selon l'expression de feue Mademoiselle Thérèse Slégers). En 1986, on renouvela le mécanisme d'entraînement de la sonnerie. Le battant de la petite cloche fut encore laissé tel quel, mais l'entraînement par le moteur, contrariant la force d'inertie de la cloche et du contrepoids (40 coups par minute au lieu de 36), la pierre blanche de l'ancien contrepoids ce descella peu à peu. Début 1992, l'ancienne monture fut remplacée par un joug cintré et le battant, provisoirement quelque peu abaissé, fut remplacé à son tour par un nouveau battant mieux adapté, en métal non ferreux. Avec ce nouveau système, la sonnerie de la petite cloche (prévue pour l'Angélus également) se fait au rythme de 52 coups à la minute, comme pour la cloche en do2 de Bressoux, ou celle, plus proche, en la1 de Grupont.

 

Les cloches de l'église de Barvaux-sur-Ourthe

D'après l'article de J-P. Gonay paru dans le Bulletin Campanaire n°26 (2001/2)

Quelques généralités...

La tour de l'église paroissiale néogothique du Sacré-Cœur de Barvaux dresse depuis 1878 sa flèche au centre du village. Cette dernière fut néanmoins remplacée en 1979 après qu'un incendie provoqué par la foudre une année plus tôt l'avait fait s'écrouler au travers de la grand' rue. Elle renferme quatre cloches disposées telles que représentées sur le dessin (écorché du clocher de l'église par l'auteur).

En 1726, les habitants de Barvaux et leur curé obtiennent l'autorisation du doyen rural du concile d'Ouffet de construire un nouveau chœur à leur église qui ne pouvait accueillir qu'un tiers des paroissiens. La tour est l'objet d'une restauration. La destination originelle de la tour étant civile, par tradition son entretien incombait à la communauté. Jusqu'à la Révolution, lors des visites archidiaconales du Condroz du diocèse de Liège, les fidèles, le personnel ecclésiastique et le clergé sont conviés par un appel de la cloche que devait détenir la paroisse. Quelques années après la restauration de la tour et de l'église, l'abbé Franciscy est nommé en 1754 curé à Barvaux en remplacement de Lambert de Sy décédé au cours de 1753. Cette même année, la tour est enrichie d'une cloche. Est-ce à l'initiative du nouveau pasteur qu'on l'y installa ?

En 1794, les armées républicaines françaises s'emparent du pays et le gouvernement révolutionnaire appliqua dans la terre de Durbuy le décret des 4 fructidor et 7 vendémiaire an IV ordonnant à chaque commune de ne conserver qu'une seule cloche. Sur réquisition du directoire exécutif, le desservant N. Kauffman et Charles Joseph Boniver, bourgmestre, procèdent à l'inventaire des biens de l'église. Cet inventaire daté du 13 vendémiaire an VI (04/10/1797) indique que la tour possède deux cloches et une " orloge appartenant à la commune ". Il faudra attendre le 8 septembre 1824 pour que le Conseil de Fabrique saisisse à nouveau le conseil communal au sujet de la sonnerie de cloches. Celui-ci conclut sans plus que " les Français nous ont enlevé une de nos cloches et que l'autre trop petite ne peut se faire entendre d'une extrémité à l'autre du village par les paroissiens ". Enfin, en 1834, le conseil communal reconnaît que le poids de la cloche est trop léger pour que celle-ci puisse être entendue de toute la communauté. C'est à ce moment que les documents révèlent que la cloche pèse environ 600 livres poids de Liège.

La cloche " Gaulard " (1834 – 1863)

La commande d'une nouvelle cloche est passée à la fonderie Charles et Auguste Gaulard du faubourg Sainte-Marguerite à Liège. La cloche est bénite le 21 octobre 1834. Neuf prêtres assistèrent à la cérémonie célébrée par le curé Lambert. Le poids réel de la cloche est de 876 livres, poids de Liège et sa note proche du Si 3.

La première cloche " Causard " (1843 – 1863) 

Mais la petite cloche qui avait été coulée en 1754 se fêla seule, sans sonner, après le dégel de mars 1843 et fut vite remplacée. Elle fut remplacée par une autre qui pesait 593 kg, portait le chronogramme " eX Donis BarVaUx fUi facta Maria qUe ConseCrata " et dont le son voisinait le sol 3. La bénédiction de la nouvelle cloche se déroula le 8 juillet 1843. L'abbé Lambert, curé à Barvaux consigne cette célébration dans un registre du Conseil de Fabrique. Cette cloche provoqua plus d'un débat dans la commune. Un autre livre, le Liber Memorialis, indique qu'à l'entrée en fonction le 1er avril 1828 de l'abbé Lambert dans la paroisse de Barvaux, il n'y avait qu'une clochette pour appeler les fidèles aux offices. Plusieurs requêtes du Conseil de Fabrique introduites à la municipalité font apparaître les insatisfactions de ne posséder qu'une petite cloche. Une cloche plus grosse s'avère nécessaire pour que les appels aux offices soient entendus par les fidèles les plus éloignés. Cette première cloche " Causard " fut elle-même fêlée en septembre 1862 en sonnant pendant l'enterrement d'un enfant.

La deuxième cloche " Causard " (1863 – 1889) 

Refondue en 1863, la nouvelle cloche est bénite le 26 janvier 1863. On lui donna le nom de Carola-Cecilia. Elle pèse 632 kg et il en a coûté pour la refondre 766 F qui ont été payés par souscription volontaire. Fin 1863, la tour de l'église de Barvaux abritait deux cloches Causard dont les notes sont le sol pour la grave et le si pour la petite cloche.

Une nouvelle église

En octobre 1872, sur base des rapports des architectes Bouvier de Marche et Rémont de Liège, le collège communal, au terme d'une longue délibération reconnut la nécessité de construire une église en rapport avec l'importance de la commune. À la suite de quoi, le collège chargea Monsieur Rémont, architecte civil de la province de Liège, de dresser un plan et d'établir un devis pour une nouvelle église. L'ancienne église fut détruite en février 1874 et la pose de la première pierre de la nouvelle église eut lieu le 17 mars 1874. Le 28 juin 1878, l'évêque de Namur, Monseigneur Gravez, viendra consacrer le nouvel édifice et le dédiera au Sacré Cœur, saint Martin demeurant le patron du lieu.

Le clocher de l'église décanale néogothique est élégamment élancé.
Le plancher de la passerelle au-dessus des voûtes est en excellent état.

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Les quatre nouvelles cloches " Causard " (1889)

Dans le Liber Memorialis de la paroisse, le curé Ernoux écrivit entre autres : " … il manquait toutefois une sonnerie en rapport au monument. En effet la tour de la nouvelle église abritait les deux cloches qui avaient appartenu à l'ancienne église… Une généreuse bienfaitrice, madame Tellin-Boniver, me remit une somme de quatre mille francs pour l'achat d'une troisième cloche… Le 27 juin 1889, je fis venir monsieur Causard, fondeur de cloches à Tellin pour examen des deux anciennes cloches. Il y eut accord avec Causard qui s'engagea à reprendre les deux cloches actuelles et à les remplacer par trois nouvelles en parfaite harmonie. J'obtins sans difficulté l'autorisation du conseil communal et du conseil de fabrique et le contrat fut ratifié et signé. Je me rendis trois fois à Tellin. Une première fois pour assister au moulage, une seconde pour voir la coulée et une troisième fois, cette fois en compagnie de Monsieur le Bourgmestre et de Madame Tellin pour assister à l'examen des sons ". La bénédiction fut fixée au 15 août 1889.


Le haut clocher, en fort mauvais état suite à l'incendie de 1979, est dénué de tout plancher.
Le joug et la roue de certaines cloches ont été remplacés.

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Dans ce même livre, l'abbé Ernoux ajouta encore après le baptême des cloches : " Le jour de la bénédiction des cloches fut une agréable surprise. On attendait les trois cloches avec une impatience facile à comprendre et voilà qu'on put en contempler quatre qui se balançaient à l'entrée du chœur. La quatrième n'était ni prévue ni attendue; le facteur était heureux de contribuer à l'achat d'une belle sonnerie… La plus forte, don exclusif de Madame Charlotte Boniver veuve Tellin, pèse 1097 kg et est dédiée au Sacré Cœur de Jésus… La seconde pèse 753 kg, a été dédiée à l'Immaculée Conception de la Très Sainte Vierge… La troisième pèse 521 kg, a été dédiée à Saint Joseph et Saint Donat… Enfin, la quatrième pèse 300 kg. Elle ne porte aucune inscription. Je l'ai dédiée à Saint Louis mon glorieux patron…


Les cloches sont superposées deux par deux, sans séparation permettant une assise confortable. Les jougs des deux petites cloches, anciens, sont en bois et surmontés de pierre. Ceux des deux grosses, récents, sont métalliques, cintrés.

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La Seconde Guerre mondiale

Voici ce qu'écrivit le curé Étienne : " Le dimanche 10 septembre 1944 vers 9h40, d'immenses chars d'assaut firent leur entrée dans la paroisse. Impossible de décrire le délire de joie de tous. Les quatre cloches de mirent à sonner à toute volée  , les drapeaux des nations alliées sortirent aux fenêtres et la plus sympathique ovation fut faite à nos libérateurs. La plupart des cloches de Belgique avaient été enlevées pour fin de guerre par l'armée allemande; les nôtres furent épargnées mais peu s'en fallut qu'elles ne partent aussi. Les dernières enlevées furent celles de Tohogne, Durbuy, Petithan, Grandhan, Borlon, une par église. Heureusement, elles furent dirigées sur Forrière où on les retrouva à la Libération.

L'électrification des cloches

C'est déjà en décembre 1945 que la firme Dom et Peters de Vresse installe l'électrification de trois cloches avec sonnerie autonome de l'Angélus   et sonnerie du glas. La commande se fait du presbytère pour une cloche et de la sacristie pour les trois. La quatrième cloche, la plus petite, ne fut électrifiée qu'en 1974 par les établissements Pirlet et fils de Flémalle.

 

Généalogie des cloches de Barvaux

Les cloches de 1889 sont les filles des anciennes cloches de Barvaux.

Aujourd'hui

Actuellement, la lourde charpente du clocher soutient 2.670 kg d'airain coulés sous la forme de quatre cloches à la décoration néogothique par la fonderie Causard de Tellin en 1889.

1) Le bourdon donne le fa 3 et pèse 1.097 kg.
2) La deuxième cloche donne le sol 3 et pèse 753 kg.
3) La troisième cloche donne le la 3 et pèse 521 kg.
4) La quatrième cloche donne le do 4 et pèse 300 kg.

Description du bourdon

Un nœud d'airain resserre la robe de la cloche en une couronne. Au travers de ses anses passent des brides qui arriment la cloche au mouton fretté. Un collier d'entrelacs et de festons gothiques couvre l'épaule de la cloche. Sur le vase de bronze tombent de superbes parures composées de flèches, clochetons, bourgeons et pinacles. Ce vaste fronton repose sur de fines colonnettes. Leur alternance libère une série de niches que garnissent des images de saints drapés, probablement d'apôtres. Au niveau de la gorge, Marie agenouillée pleure le Christ sur une croix de style gothique. À l'opposé de cette figure divine, une Vierge debout, couronnée, faisant penser à Notre-Dame de Luxembourg, porte l'Enfant sur le bras gauche. La dédicace indiquée en caractères gothiques ainsi que la signature du fondeur en caractères plus petits sont soulignées par une couronne et un pointillé.

Les cloches provenant de la même coulée présentent une décoration similaire quoique personnalisée en fonction du saint patron, etc.

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Jean-Pierre GONAY

Résumé de Emmanuel Van der Heyden, avec l'aimable autorisation de l'auteur (articles " Les cloches de Barvaux ", in Terre de Durbuy : bulletin trimestriel du cercle historique de Durbuy, 1997, n°61, pp.44-58 et n°62, pp.12-31).
Photos : Th. Boudart

 

Les cloches de l'église de Jumet-Gohyssart

D'après l'ouvrage de Christian Draguet (Ch. Draguet Ed., impr. Califice, 1993)

 

La fondation de la paroisse

La paroisse de Jumet-Gohyssart est relativement jeune : érigée le 30 mai 1866 dans une région minière en expansion, elle prit plusieurs années pour vivre et grandir. Il faudra en fait plus de dix ans au curé Bivort pour mener à bien le parachèvement de l'église, la mise en chantier de l'infrastructure autre que celle vouée au culte (écoles, ...) et de lancer une animation pastorale.

L'église et la première cloche

L'architecte Bruyenne a intégré le bas de la tour au bâtiment lui-même, si bien que trois ans après la construction de l'église, la tour s'arrête au niveau du toit de l'église. Sa partie supérieure (les chambres des cloches) et la flèche seront construites en 1871. La tour prendra alors l'ampleur que nous lui connaissons aujourd'hui : la maçonnerie atteint une hauteur de 38 mètres et est surmontée d'une flèche élancée de 27 mètres et d'une croix de 7 mètres, soit un impressionnant total de 72 mètres.

Entre-temps, on sonnait néanmoins les offices, processions et autres missions. La cloche devait se trouver sur la plate-forme de la tour inachevée. Il devrait s'agir d'une cloche fondue en 1825 par Van den Gheyn à Louvain, selon une inscription gravée sur la cloche du couvent des Sœurs de Notre-Dame. Rien ne s'oppose effectivement que cette cloche ait été rachetée après avoir été utilisée jusqu'en 1874 à l'église. Le couvent, achevé en 1876 et financé par le même curé Bivort, a très probablement réutilisé la cloche devenue inutile à l'église.

1874 sera l'avant-dernière étape du parachèvement de l'église, avant la consécration du lieu de culte. La bénédiction solennelle des cloches eut lieu le 10 mars 1874.

Les cloches Causard de 1874


Une église d'une telle ampleur se devait de posséder une sonnerie digne de ce nom. Le curé Bivort et ses frères financèrent donc l'achat de six cloches, à condition qu'elles servent "exclusivement à l'usage de l'église de Gohissart pour le culte catholique, apostoloque et romain".

Les cinq grosses cloches gagnèrent le clocher en 1874, et la sixième les rejoint en 1875, à l'occasion de la célébration du Jubilé de la Rédemption. Toutes sont fondues par Causard à Tellin. Leur note, de la plus grosse à la plus petite, sont respectivement : do1, mi 1, sol1, la1, do2, mi 2. Ces six notes correspondent à celles du début du chant marial en latin, le Salve Regina (cf. enregistrement ci-dessous).

Cloche Note Nom
Bourdon (3.000 kg)
Do1
Marie, dédiée à Notre-Dame au Bois
Cloche dite " de 10 heures " (1.500 kg)
Mi1
Clémentine Amélie
Cloche dite " de 8 heures " (925 kg)
Sol1
Henri Célinie
Cloche dite " de 9 heures " (660 kg)
La1
Désirée
Cinquième cloche (388 kg)
Do2
Joséphine
Sixième cloche (210 kg)
Mi2
Ferdinande Angèle

Les sonneries des cloches de 1874

Outre les sonneries diverses et variées à la volée (lancé franc), l'amplitude de la gamme ainsi couverte devait permettre de faire entendre, à partir d'un clavier situé au deuxième niveau de la tour d'autres sonneries permettant d'alterner volées et tintements. En plus, cela n'empêche pas d'imaginer que ce même mécanisme pouvait permettre de transformer la sonnerie en carillon.

Le " langage " campanaire était donc très étendu. Si l'on ne tient compte que du glas, il y avait au moins six sonneries différentes, en fonction des classes de funérailles et en fonction de l'heure de celles-ci :

- à 8 h et 8 h 30 : " la " en volée, " sol " et " do² " tintés
- à 9 h et 9 h 30 : " sol " en volée, " la " et " do² " tintés
- à 10 h : " mi " en volée, " sol " et " la " tintés.
- aux messes et saluts d'enfants, suivant la classe, on sonnait mi-do² en volée, do1-la en volée ou sol-la en volée.

Ce type de glas ("glas romain", combinaison volée-tintement) resta en usage jusqu'en 1950, date à laquelle l'électrification ne le permit plus. Jusqu'alors, les sonneries se faisaient évidemment à la corde. La corde de la plus petite cloche descendait jusque dans le porche d'entrée afin de permettre au sonneur de ne pas devoir grimper jusque dans la salle des sonneurs, au deuxième niveau, pour sonner les angelus. Les autres cordes se situaient dans cette salle. Le lourd bourdon était tiré par deux cordes de trois sonneurs chacune. La seconde était tirée par trois sonneurs, la troisième par deux, les autres n'en nécessitaient qu'un. C'étaient généralement des enfants de chœur, sous la direction du sonneur.


Les cloches actuelles

Comme dans la plupart des églises du pays, les Allemands saisirent les cloches pendant la Seconde Guerre mondiale. La petite Ferdinande Angèle de 210 kg appela seule les fidèles de 1943 à 1950.

Le 24 septembre 1950, les nouvelles cloches, fondues par Slégers-Causard de Tellin, furent "baptisées" en fanfare par Mgr Himmer, Evêque de Tournai, après avoir fait le tour de la paroisse juchées sur deux camions, ornées de branches de sapin.


Cloche Note Nom
Nouveau Bourdon (3.000 kg)
Do1
Marie-Sylvie-Renée, dédiée à Notre-Dame au Bois
Seconde cloche (1.500 kg)
Mi1
Renée Alex, dédiée au Sacré-Cœur
Troisième cloche (1.000 kg)
Sol1
Joséphine, dédiée à saint Joseph
Quatrième cloche (750 kg)
La1
Zoé-Henriette-Marc, dédiée à saint Marc
Cinquième cloche (450 kg)
Do2
Jeanne-Marie, dédiée au saint Curé d'Ars
Sixième cloche (de 1875 - 210kg)
Mi2
Ferdinande Angèle

Détail de la cloche
dédiée au saint curé d'Ars
Bourdon Détail de la cloche
dédiée au Sacré Coeur
Nouveau joug de la cloche
dédiée au Sacré Coeur.
Petite cloche de 1875

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Restaurations de la sonnerie (1992 et 2001)

En 1991, la tour et la toiture durent subir d'importantes restaurations. En 1992, dans la foulée de ces travaux, on installa de nouveaux jougs (toujours en bois) et de nouveaux battants (toujours en acier doux forgé main, de forme oblongue) aux quatre cloches centrales. Les moteurs électriques de volée furent également remplacés (à l'exception de celui de la petite cloche) par des moteurs électroniques. Plusieurs paramètres de ceux-ci peuvent être réglables, ce qui est très utile dans le cas qui nous occupe. Effectivement, suite aux restaurations de la tour en 1991, un expert allemand étudia les mouvements oscillatoires de la tour, en fonction de la résonance de celle-ci aux fréquences vibratoires induites par les cloches sonnant en lancé franc. C'est que, quelques années plus tôt, la lourde croix coiffant la flèche s'était affaissée.

Cette étude détermina donc le nombre de coups à la minute idéal pour chaque cloche, et l'on régla les moteurs à réglage électroniques en conséquence. Le démarrage et le freinage de chaque cloche est également calculé. Le résultat est spectaculaire : lorsque les six cloches sonnent à toute volée, la croix culminant à près de 70 mètres bouge visiblement, mais la fréquence vibratoire induite à la tour est excellente, celle-ci ne risquant pas de s'effondrer !

Enfin, en 2001, à l'occasion du 125e anniversaire de la fondation de l'église, on compléta l'installation en ajoutant deux électro-tinteurs (il y en avait déjà quatre) et un ordinateur de carillon à commande à distance. Aujourd'hui, à chaque heure (jusque 22 h), une ritournelle égaie les environs de l'église. En outre, à certaines heures, quelques airs retentissent et les sonneries ont été repensées afin de rétablir une hiérarchie traditionnelle.


Enregistrements


Air - sonnerie Occasion Durée
Salve Regina A l'angelus du soir (19 h) 46"
Pays de Charleroi A la sortie des écoles (15h30) 38"
A l'Ducasse du Bos A l'angelus du midi 46"
Angelus du dimanche midi Les 3 x 3 coups sonnent toujours sur le bourdon.
En semaine, c'est la 5e cloche qui sonne en volée,
le dimanche midi, c'est le bourdon
2'32"
Glas do2 - sol - la - mi1 tintés 40"
Baptême la - do2 - mi2 en volée 2'09"
Mariage sol - la - do2 en volée 1'37"
Volée de fêtes ordinaires mi1 - sol - la - do2 en volée 1'33"
Volée de fêtes extraordinaires Les six cloches en volée 1'55"

 

Les cloches de l'église abbatiale de Maredsous

D'après les articles du Frère Eloi Merry.
Site de l'abbaye : www.maredsous.com

Fondation de la communauté et de l'église

La communauté bénédictine de Maredsous a été créée en octobre 1872, rassemblant des moines venus de Beuron (Allemagne).

En attendant la construction de leur abbaye, ils furent hébergés au château de Maredsous, aménagé pour eux par la famille Desclée. Ils y demeurèrent jusqu'au 26 juin 1876.

Description de la sonnerie

L'abbaye dispose d'une belle sonnerie de 6 cloches - dont un gros bourdon - conçue sous le père Dom Jean Blessing (+ 1913), moine et expert campanaire, premier supérieur de Maredsous (1872-1875) puis de l'abbaye de Maria-Laach. Toutes les cloches, d'un profil assez lourd, ont été fondues par la fonderie Causard ou Slégers-Causard de Tellin (Belgique).


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Elisabeth  8.000 kg sol0
Le Frère Eloi Merry présente Elisabeth
Sainte-Marie  2.500 kg mi1
Saint-Benoît  1.150 kg sol1
Saint-Michel  1.045 kg la1
Saint-Placide  510 kg si1
Saint-Pierre  300 kg 2

L'histoire des cloches


La cloche Saint-Pierre

La première cloche destinée au futur monastère fut offerte par Henri Desclée dès 1875, alors que les moines occupaient encore le château. On lui donna le nom de Pierre, en souvenir du petit Pierre Desclée, décédé accidentellement deux ans plus tôt. Cette cloche eut une histoire mouvementée. Elle n'avait en effet pas la tonalité souhaitée, et il fallut la refondre plusieurs fois pour obtenir la note appropriée.

La 3e coulée fut la bonne. En octobre 1876, cette petite cloche de 200 kg fut alors placée sur un échafaudage à proximité de la chapelle provisoire de l'abbaye.

Elle ne fut bénite que le 17 juillet 1881, en même temps que la seconde cloche, Saint-Placide, et que la bénédiction liturgique de l'église abbatiale en voie d'achèvement. Les deux cloches gagnèrent alors le clocher sud de l'édifice.

La cloche Saint-Placide

La cloche Saint-Placide (si, 510 kg) eut son timbre voulu dès la première coulée. Donnée par la famille du baron Pycke de Peteghem, elle reçut le nom de Placide en l'honneur du Père Placide Wolter, premier Abbé de Maredsous, qui célébrait son 25e anniversaire de profession monastique. Comme nous allons le voir, c'est la seule cloche qui ne sera pas enlevée par les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale.

La cloche Saint-Michel

Un an plus tard, la cloche Saint-Michel (la, 1.045 kg) rejoignit ses deux consoeurs dans leur clocher. Elle a été offerte par Mme Ledoux, à l'occasion de la profession monastique de son fils, le Frère Antoine Ledoux. Peu après l'installation de cette cloche, la petite cloche Saint-Pierre fut refondue pour la 4e fois afin d'harmoniser son timbre à la voix de ses deux coreligionnaires.

La cloche Sainte-Marie

Le 12 avril 1892, la sonnerie fut encore étendue par l'adjonction d'un premier bourdon, la cloche Sainte-Marie (mi, 2.500 kg). Elle fut offerte en même temps que l'horloge de clocher par la famille du Frère Paulin Zingerle à l'occasion de sa profession monastique.

L'horloge de clocher

Cette horloge Michiels-Moermans, à quatre cadrans, est, aujourd'hui encore, toujours vaillante et très précise. Elle sonne chaque quart d'heure une ritournelle " Bim-Bam " (une à quatre fois selon le quart) sur les cloches SI et LA, ainsi que l'heure sur la cloche MI. Les trois poids (70 kg pour le mouvement, 90 kg pour la sonnerie d'heure et 80 kg pour la sonnerie des quarts) devaient être remontés toutes les 30 heures. Pour ce, le frère sonneur devait gravir 120 marches… En 1980, le remontage des poids a été automatisé et, en outre, un petit mécanisme a été ajouté afin de suspendre la sonnerie des cloches entre 19h et 6h45.

Cette horloge de clocher est commandée électriquement, depuis l'origine, par une horloge-mère de sacristie. Cette horloge-mère, elle, doit être remontée une fois par semaine. Elle permet une éventuelle remise à l'heure de l'horloge de clocher deux fois par jour, à 9h15 et 21h15.


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La cloche Saint-Benoît

Enfin, la sonnerie des quatre cloches susdites a été complétée en 1901 par l'adjonction d'une dernière cloche encore manquante, Saint-Benoît (fa #, 1.750 kg). Cet accord (mi-fa#-la-si-ré) était pourtant assez malheureux et la cloche Saint-Benoît dut être refondue deux fois avant d'obtenir une sonnerie plus harmonieuse. A la troisième refonte, en 1911, le résultat escompté fut obtenu. La cloche pesait alors 1.150 kg et donnait le sol.

Ecouter la sonnerie des cinq cloches  
Ecouter le plenum : les cinq cloches + le bourdon  

Le bourdon Elisabeth

En 1922, à l'occasion du cinquantenaire de l'abbaye et conformément au projet initial de Dom Jean Blessing, revint l'idée de compléter la sonnerie par un gros bourdon. Quelques années seulement s'étaient écoulées depuis la fin de la Première Guerre mondiale, et l'on souhaitait donner à la bénédiction de la future cloche un caractère patriotique. Ainsi avait-on sollicité la reine Elisabeth pour que sa fille, la princesse Marie-José, en soit la marraine. La Reine répondit qu'elle tenait à être présente à la cérémonie et être elle-même la marraine du bourdon. Celui-ci fut donc nommé Elisabeth.

D'un poids de 6.800 kg, donnant le sol grave, il fut béni en décembre 1923. Durant la cérémonie, les discours et les diverses allocutions ne pouvaient pas passer sous silence les quatre années de guerre d'où l'on sortait à peine et qui avaient meurtri le pays. Pouvait-on imaginer que moins de vingt ans plus tard, une nouvelle guerre allait éclater, et qu'elle allait menacer les cloches de Maredsous, comme toutes celles de Belgique…

La réquisition des cloches pendant la Seconde Guerre mondiale

Le 10 mai 1940, à l'annonce de l'invasion du pays, le bourdon sonna le tocsin de la guerre. Les moines décidèrent qu'il se tairait tant que durerait la guerre. Pourtant, on l'entendra une fois encore : pour annoncer son enlèvement.

En octobre 1943, l'abbaye était informée de la réquisition prochaine de ses cloches. On tenta alors par tous les moyens d'annuler la mesure ou, à tout le moins, de la retarder. Les moines savaient bien que les carillons étaient exemptés par cette mesure. Ils décidèrent donc de compléter leur sonnerie par trois (petites) cloches glanées de-ci de-là (cloche de cour, du préau, du cloître…). Le frère Georges Minne établit des plans, le Frère Paulin Quinet, aidé du forgeron du village de Bioul, se chargea du clavier, et des ouvriers de Malines raccordèrent le tout.

Le 19 novembre, une première inspection des clochers mit l'ensemble campanaire en péril. Le Père Jules Hamel insista auprès du responsable allemand de l'opération de réquisition, afin de protéger le " carillon ". Cette plainte fit venir de nouveaux inspecteurs, auxquels le Frère Irénée Fransen joua une courte mélodie sur les cloches.

Hélas, le 24 février, un sous-officier allemand, deux contremaîtres et trente hommes arrivèrent avec le matériel nécessaire au démontage des cloches. Les négociations n'ont servi qu'à retarder l'échéance. Comme dans beaucoup d'églises à cette occasion, les cloches sonnèrent une dernière fois avant leur départ. Le bourdon sonna une demi-heure puis, pendant plusieurs jours, les ouvriers s'attelèrent à leur triste tâche. Le bourdon, trop grand pour passer par la porte, fut brisé dans la tour à l'aide d'un vérin hydraulique. Seule la cloche Saint-Placide fut maintenue comme cloche d'appel.

Heureusement, le retard dans le planning allemand et le bombardement de la ville de destination des cloches, Hambourg, ne permit pas aux Allemands de fondre les dernières cloches enlevées en Belgique. Parmi celles-ci, les cloches de Maredsous. Ainsi revinrent-elles par bateau le 10 octobre 1945. Elles purent sonner la Noël 1945, à l'exception du Bourdon dont nous avons vu qu'il avait été détruit.

Les aventures du nouveau bourdon

Les débris du défunt bourdon furent utilisés pour la refonte d'une nouvelle cloche. La fabrication de celle-ci n'alla pas sans émotion, la coulée ayant été trop rapide. L'imposante cloche de 7.100 kg, une fois finie, ne révéla pourtant pas de défaut. Pourtant, une malformation lui fut fatale quelques années plus tard.

Le majestueux bourdon sonnait ainsi la messe de minuit, le 24 décembre 1948, lorsqu'il se détacha soudainement de son joug, la couronne ayant été arrachée. Il chuta de toute la hauteur de la tour mais, la couronne exceptée, il resta intact. On le refixa vaille que vaille sur son joug, mais un an plus tard, on se décida à le refondre.

Le "troisième bourdon", pesant cette fois 8.000 kg, fut béni le 30 janvier 1952. La Reine Elisabeth fut à nouveau sa marraine. Sonnant le sol grave, il annonce toujours aujourd'hui les événements majeurs marquant la vie liturgique de la communauté ou les grands événements nationaux.

Le "code de sonnerie" des moines de Maredsous

Le code de sonnerie est particulièrement évolué, ce qui est permis par le nombre de cloches et leur accord harmonieux. Les frères bénédictins distinguent ainsi les solennités, les funérailles, ordination et profession solennelle d'un frère, les dimanches, les fêtes et les féries (jours sans fête). Outre cet aspect " linguistique ", il y a un aspect " esthétique " par une règle rendant la sonnerie " agréable et équilibrée " (dixit le manuel à l'usage des sacristains !). Le temps de mise en volée a ainsi été calculé pour chaque cloche, et le sacristain sait quand il doit pousser sur le bouton pour que, dans la pratique, la sonnerie de plusieurs cloches démarre cloche par cloche, avec un délai identique entre chaque cloche. Notons que la sonnerie est toujours ascendante (de la plus grosse à la plus petite).

Les cérémonies sont cycliques, mais elles varient en faste selon le calendrier liturgique. Et la sonnerie participe au faste.
Pour les solennités, toutes les cloches sont sonnées pendant 10 minutes après les Vigiles (prière du soir) de la veille. Lors des Laudes (prière du matin), le bourdon sonne seul 20 minutes avant l'heure pendant 7 minutes, puis les 5 cloches " normales " sonnent durant 7 minutes, 7 minutes avant l'heure. A l'Eucharistie, le bourdon sonne seul durant 7 minutes, une demi-heure avant l'heure. La cloche 1 sonne 5 minutes un quart d'heure avant l'office, puis les 5 cloches " normales " sonnent durant les 7 minutes qui le précèdent. Ce rituel se répète aux Vêpres.

La sonnerie complète sonne également après les Vigiles de la veille d'une ordination ou d'une profession solennelle, de la même manière qu'avant une grande solennité.

Les dimanches sont annoncés de la manière suivante : les cloches 2 à 5 après les Vigiles du samedi soir, durant 7 minutes. La cloche 2 durant 5 minutes, 20 minutes avant l'heure des Laudes du jour, puis les cloches 2 à 5 durant les 7 minutes qui précèdent l'heure. Ces mêmes cloches sonnent durant 5 minutes, 10 minutes avant l'heure de l'Eucharistie, puis une nouvelle fois de la même manière avant les Vêpres.

Pour les fêtes, la cloche 3 sonne durant 5 minutes, 20 minutes avant l'heure des Laudes, puis les cloches 3-4-5 pendant les 7 minutes qui précèdent l'heure. Elles sonnent de la même manière avant l'Eucharistie et avant les Vêpres. Aux fêtes mariales, la cloche 1 remplace la cloche 3 pour la première sonnerie et les cloches 1 et 2 s'ajoutent aux trois autres pour la seconde.

Enfin, pour les féries, la sonnerie se déroule de la même manière, mais c'est la cloche 4 qui officie pour la première sonnerie et les cloches 4-5 qui officient pour la seconde.